dimanche 12 février 2012

Le gêne de l'aviateur...

'sont quand même funs chez Boeing. Regardez le tracé d'un vol d'essai du 787:

http://uk.flightaware.com/live/flight/BOE236/history/20120209/2100Z/KBFI/KBFI

L'eau ça mouille... Ha tiens non!

Ce matin en arrivant dans l'avion il faisait -5°c. Bizarrement les bouteilles d'eau n'avaient pas gelé. Enfin c'est ce qu'on croyait jusqu'à ce qu'on les secoue un peu...
C'était la première fois avec Arnaud qu'on voyait l'application pratique de ce qu'on avait appris en cours il y a... Un certains temps

jeudi 2 février 2012

Contre le vent (y'a pas de marées au Bourget)

Vous vous souvenez du coup de vent du 5 janvier dernier? Le genre de jours où tu te dis "Chuis quand même content de ne pas voler aujourd'hui...". Raté pour moi, on nous demande de convoyer un avion vide à Biggin Hill où se trouve son centre de maintenance... Allez on y croit très fort, c'est parti!

J'arrive en premier au Bourget, je commence à jeter un oeil à la météo... Après m'être fait rincer entre ma voiture et le hangar par la pluie qui tombe à l'horizontale aujourd'hui. Tiens, il fait beau là bas. Bin ouais tu m'étonnes, avec des rafales de vent à 50 noeuds (près de 100 km/h) au sol les nuages ils ne restent pas longtemps!!
Arnaud arrive, on se regarde et on se dit qu'on va déjà attendre que ça se calme ici avant d'aller se faire tabasser là bas. La calme après la tempête. Enfin le calme... Au moins on voit le ciel!
Comme Arnaud avait fait la dernière étape (à la main en plus, il est maso!), c'est à moi de voler... Y'a pas à dire il a confiance quand même... Si ça avait été moi... Enfin bon... Je m'applique donc à décoller de la piste 25 du Bourget en essayant de mettre le plus rapidement possible de l'air entre l'avion et le sol, histoire de s'affranchir de la turbulence, heureusement coincée sous 4000 pieds.
Une fois arrivés en croisière vers 24000 Ft, on regarde l'estimée de l'arrivée et on met quelques secondes à comprendre... Comment ça 50 minutes de vol restantes?? On va à Londres nous!! C'est la proche banlieue normalement! Regardez la vidéo pour comprendre...


On est quand même surpris de ne pas avoir une turbulence alors qu'on se balade dans un jetstream à près de 160 Kts. Tant mieux remarquez...
On passe avec la fréquence de Londres en débutant la descente, et on commence à entendre que ça se corse en se rapprochant du sol. Manifestement les copains se font turbuler sévère quand ils s'amusent à passer sous 7000 pieds. Ca promet... Même que les gars de Cityjet remettent les gaz à London City "due to extreme turbulence". Erf...
"This is Biggin Hill information, wind from 360 degrees 28 gusting 51 knots" (soit grosso merdo plein travers). "Arnaud t'es sûr que tu veux me laisser faire l'approche"?

Allez on se concentre! Les 7000 pieds arrivent, c'est comme un signal. En l'espace de quelques secondes on passe d'un vol relativement calme au tambour de machine à laver. On réduit pour ne pas casser l'avion, on commence à sortir les traînées en prenant pas mal de marge pour ne pas exploser les butées, et on arrive en finale. Arnaud qui me dit "tu la vois la piste?". Je regarde devant, rien... Mais alors rien du tout qui ressemble à une piste. Un village, des usines... Où est-ce que je me suis planté? Arnaud se bidonne. "C'est normal, regarde à tes 10 heures". Ha ben oui, 60 Kts travers à 2000 pieds, forcément on a de la dérive...
Allez, cramponne yourself, on y va! On oublie le principe de stabilisation, y'a rien de stable dans c't'avion. La vitesse fait l'essuie glace à +/- 20 noeuds, l'assiette joue à saute mouton, l'inclinaison pareil...
50 pieds au dessus du seuil, impossible de garder un semblant de trajectoire...
La radiosonde égrenne les derniers pieds... "On va être longs"... "On est trop longs"... J'annonce la remise des gaz et c'est reparti pour un tour à 2000 pieds. En vent arrière rien n'a changé, on se fait tabasser sévère et on commence à se dire qu'on ne va pas s'enfermer dans un schéma à la con. On refait une tentative et si ça ne passe pas on remonte au calme et on rentre au Bourget.
En base je me fais évidemment jeter par le vent et j'overshoote allègrement l'axe de piste. Arnaud commence à me préparer la remise de gaz pendant que j'essaie de revenir sur la finale tant bien que mal. Allez on va y arriver! Vers 100 pieds je sens que le vent faiblit un peu, c'est confirmé par le contrôleur briton qui égrenne des "windchecks" régulièrement depuis qu'on est en base (un modèle de professionalisme d'ailleurs, j'adore les contrôleurs anglais!). J'en profite pour me poser (enfin pour apponter, là y'a plus le choix)... A 100 noeuds Arnaud reprend les commandes (putain d'avion sans commande de direction côté copi!) et je pousse un énorme soupir de soulagement. On est posés et c'était pas gagné!

Allez direction London City, on rentre par la ligne! Ca fout les jetons, c'est des gars qu'on ne connaît pas qui pilotent!!