mardi 13 mars 2012

A l'aéroclub en Falcon 2000

En Aviation d'Affaires on vole relativement peu. Du coup, du moins en ce qui me concerne, chaque départ en rotation devient, au moins un évènement, au mieux une aventure. Ca a un côté sympa d'être toujours content d'aller travailler voler.
Le week-end dernier devait être des plus "classiques". On devait déposer samedi un passager à Genève, se mettre en place à vide à Milan, et ramener un passager au Bourget. Puis dimanche aller chercher une famille à Genève pour les emmener à Londres et revenir à Paris. En somme on faisait de l'aéroclub de luxe par beau temps, y'a des jobs plus difficiles...
Tout ne pouvant pas être toujours parfait, l'étude du dossier météo nous apprend qu'il fait beau partout, mais qu'il y a de la bise à Genève (Ce vent du nord-est qui est refroidi par le Lac Léman et qui occasionne pas mal de turbulence en finale 05). On commence à avoir l'habitude, et ça nous rappellera des souvenirs, à Arnaud et à moi.
Premier couac, en mettant l'avion sous tension on se rend compte que le MCDU de gauche refuse de fonctionner. Appel à la maintenance, consultation de la MEL, on décide de partir en tolérance après le verdict des mécanos: une carte électronique qui a dû griller. Moi je m'en fous, mon MCDU fonctionne, c'est Arnaud qui devra se pencher de mon côté pour utiliser le mien :-)

 On décolle donc avec notre charmant VIP à bord (oui jusqu'ici j'ai eu de la chance je n'ai eu que des passagers extrêmement courtois, voire très sympas). Croisière tranquille au coucher du soleil, on blague avec les contrôleurs, et on se félicite par avance que notre passager ait ouvert une très bonne bouteille de vin qu'il ne finira pas. Vivement ce soir!



Arrivée à Genève en piste 05, finalement pas tant de vent que ça. On se pose tranquille et on dépose le client enchanté de son vol. 'faut dire, ça fait quelques fois qu'on le transporte entre Paris et Genève, on commence à savoir ce qu'il apprécie.
Pendant qu'Arnaud s'occupe du protocole, je prépare la mise en place vers Milan. Un saut de puce finalement, nous faisant enjamber les Alpes pour redescendre illico dans la plaine du Pô. On est à vide, je me fais plaisir en pilotant un peu à la main. Ces Falcon's sont de vrais chasseurs, avec une réactivité aux ailerons redoutable! Demandez à notre hôtesse à qui j'ai arraché un cri de surprise en interceptant le localizer 36 de Linate...
Posés pas cassés on se dirige vers le parking Aviation Générale, on prévoit de repartir dans l'heure. Je prépare le départ pendant qu'Arnaud va dans l'aérogare attendre notre passager. Il est 22h... Au bout de 45 minutes, je commence à me dire qu'il va falloir faire quelque chose pour notre plan de vol qui n'est plus valide que pour 15 minutes. J'appelle les ops en rigolant et je retarde le départ d'une demie heure, ce qui nous laisse 45 minutes pour partir (le 1/4 d'heure restant plus 1/2h). Avec l'hôtesse on se dit que ça serait marrant si le passager ne venait pas. Après tout on passerait bien un moment à Milan. Surtout que l'aéroport ferme à 00h15. Mais on a encore de la marge avant de tout bâcher...

Minuit dix... J'appelle Arnaud qui n'en peut plus de poireauter au handling. "On fait quoi?". On appelle le broker qui a vendu le vol, impossible de joindre le client. "Commence à bâcher l'avion j'arrive. Novotel ou Crowne Plaza?". Je sors mettre les caches-pitot pendant que l'hôtesse remballe tout le catering. Ca fait deux heures et demie qu'on glande, on est partagés entre l'énervement et le rire nerveux. Arnaud arrive soûlé passablement énervé, on finit de ranger et on coupe tout. L'APU aura tourné pour rien pendant... Beaucoup trop longtemps... Allez hop, on prend la bouteille de Bordeaux et direction l'hôtel!
Arrivés là bas on se retrouve tous les 3 dans ma chambre pour décompresser. Le St Emilion et les petits fours aident un peu...  On fait quoi maintenant? Déjà on va dormir, on a 12 heures de repos minimum à respecter, demain il fera jour!

En me réveillant quelques heures plus tard je découvre un email des ops avec un dossier de vol. Déjà? Pas de visite de Milan cet aprèm? Ben non, pas là! On redécolle à 13h. Ptit déj' avec le captain, on finit par en rire. D'ailleurs à ce propos, vous avez remarqué comme les Italiens font partie des peuples qui mangent le mieux au monde mais n'ont pas la moindre foutue idée de comment servir un petit déjeuner correct? Ca me fait le coup à chaque fois, et c'est de pire en pire. Au secours! Bref...
On enfile nos bleus de travail et on quitte l'hôtel un peu trop précipitamment à notre goût. On serait bien restés, ne serait-ce que pour se venger du petit déj' dans un bon resto en ville.

Rien de particulier au départ. Ha si, notre bien-aimé client se pointe avec 1h30 de retard. C'est mieux que cette nuit me direz vous... Enfin il s'avèrera être également une personne charmante, et se répandra en compliments sur l'équipage et sur le vol.

Finalement tout ça se termine dans notre bar à tapas préféré (La Mangerie, rue de Jarente dans le 4è arrondissement) et on rit de nos "mésaventures". Après tout ça fait partie du boulot...

Dimanche 11:30. Retour au Bourget. Dossier météo, NOTAM's, perfos, carburant, la routine... Comme l'avant veille il fait beau partout, et ça souffle à Genève. On s'en fout on part à vide, c'est le moment de se confronter à la nature de manière plus virile! Un dimanche à l'aéroclub entre copains... C'est en arrivant à Heathrow qu'on se concentrera un peu, on a perdu de notre aisance sur les gros terrains avec des taxiways et des gros avions partout. Heureusement comme à leur habitude les contrôleurs londoniens sont un modèle de professionalisme et nous facilitent naturellement la tâche.

http://instagr.am/p/IF1oecJ9f8/

Retour au Bourget à vide, Arnaud me pousse à aller chercher les limites de l'avion. Avec une Vmo à 370 Kts l'arrivée à Paris arrive vite et je pose le Falcon dans la lumière de fin d'après midi. C'est en sortant de l'avion que me revient cette sensation de fin de journée de printemps à l'aéroclub... Le calme sur le terrain quand tous les vols sont rentrés... Ca me manquait...


http://instagr.am/p/IF1U_Op9f3/

4 commentaires:

  1. Salut Dan !
    Ca fait un moment que je suis ton blog et ton site avant lui, et tes récits font vraiment rêver. Ca doit être le pied total le Falcon !

    Gabriel, qui se verrait bien à l'avant droit d'une de ces machines dans quelques années...

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  2. Hello !

    Je viens de découvrir ton blog par ton inscription a la photo du mois a laquelle je participe aussi.. et ma foi, c'est super intéressant... Je me réjouis de le lire;

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  3. Très sympa ce post, cher Dan ! :-) C'est vrai que les vols à vide, c'est sympa, ça permet des approches à vue un peu plus toniques !

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  4. Je découvre ton univers grâce à la photo du mois. J'aime beaucoup. Je vais vite t'ajouter à mes blogues préférés. :)

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